Chili et Bolivie

 

 

Mauna

 

 

Un matin, enfant, il était venu. Déjà son regard avait ouvert la porte.

 

Je lui parle, mais il répond si rarement. Mauna me sourit de ses yeux de soleil qui jamais ne se ferment. Nous jouons.

 

Parfois, je lutte avec lui comme avec ce frère que je n’ai pas eu.

 

Personne n’a surpris ses yeux clos. Personne ne soutient longtemps la lame des soleils, même si elle réchauffe le coeur.

 

Mauna parle moins. Mais il est avec nous, et c’est mon frère maintenant. Je suis le sien. Pourtant ?

 

L’infini se blottit au-dedans de son regard, d’aussi loin que galope la pensée.

 

Nous partons vers les sommets, guidant le troupeau de mon père. La nuit claire est là, si proche de nos visages face aux étoiles. La paille sent bon. Les animaux calmes sont couchés. Le silence résonne d’étoiles. Une se détache, coule vers nous, glisse sur son sillage. Se rapproche ; c’est une boule étincelante de feu d’argent. Tombe, derrière la colline.

Doucement, Mauna se lève. J’attends. Puis je vais derrière lui, pour voir.

Il s’avance vers l’étoile posée qui luit comme les soleils de ses yeux.

Mauna entre dans l’étoile qui monte, monte haut dans le ciel.

 

Un soir, homme, il est parti, là où prend fin la trace de ses pas.